Un peu d’histoire
Dans les années 60, un chiropracteur américain (discipline voisine de l’ostéopathie), le Dr. George Goodheart, découvre empiriquement un lien entre le tonus de certains muscles, les organes, et les méridiens étudiés en Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC).
Selon les principes de la MTC, les méridiens sont des trajets corporels sur lesquels circule une forme d’énergie appelée Qi, qui conditionne la santé et le bien-être de la personne.
Les découvertes du Dr. Goodheart offrent une voie d’accès concrète à cette circulation à un instant donné, par le test de certains muscles, observable conjointement par le praticien et par la personne testée. Ainsi qu’une compilation de systèmes réflexes issus de la chiropraxie et de la MTC visant à réguler cette circulation.
Cette nouvelle approche prend le nom de « Kinésiologie Appliquée ». Le terme « kinésiologie » fait ici référence à l’étude du test musculaire. « Appliquée », car le test ne vise pas le muscle lui-même, mais l’évaluation et l’équilibration des différents systèmes sous-jacents. Il s’agit d’une approche diagnostique et de traitement, réservée aux professionnels de santé.

Quelques années plus tard, le Dr. John Thie, chiropracteur et proche collaborateur de Goodheart, y voit matière à développer une approche de soin utilisable par tous. Il sélectionne les techniques de KA les plus efficaces, simples d’utilisation et sécurisées, et en fait une synthèse qu’il nomme Touch for Health (1973).
Cette approche diffusée par l’édition d’un premier manuel de référence, et par l’organisation de stages de formation, connaît un essor fulgurant. Elle est aujourd’hui pratiquée et enseignée dans plus de 100 pays, conjointement par des professionnels de santé et par des non-médecins.
Principes de l’équilibration
Le TFH fait donc appel à des principes et techniques issus de la chiropraxie et de la Médecine Traditionnelle Chinoise. La posture d’écoute, et l’éthique du praticien TFH, sont décrits sous le terme « Modèle d’auto-responsabilité » et s’appuient sur les travaux du psychologue américain Carl Rogers.
Pour équilibrer un méridien, le praticien TFH peut faire appel à différents systèmes réflexes. En voici quelques exemples :

– les points réflexes neuro-lymphatiques : mis en évidence par Frank Chapman, ostéopathe dans les années 1930, situés essentiellement sur le buste, ils permettent par une stimulation ferme d’activer la circulation de lymphe et d’énergie vers les méridiens et organes concernés.
– les points réflexes neuro-vasculaires : mis en évidence par Terrence Bennett, chiropracteur, à la même époque, ces points essentiellement situés sur la tête stimulent le flux énergétique et sanguin. On les active par un toucher léger.
– les « Métaphores » associées aux muscles et aux méridiens de la MTC sont des pistes de réflexion proposées par le praticien, factuelles ou symboliques, que la personne est libre d’accepter ou de rejeter. Par exemple, lors de l’équilibration du méridien du Rein, le praticien peut évoquer des notions théoriques relatives à ce méridien en MTC, dont par exemple la saison hivernale. Ainsi : « La saison associée à ce méridien est l’hiver. Est-ce que l’hiver évoque quelque chose de particulier pour vous ? Est-ce une saison que vous appréciez ? Ou l’inverse ? Voyez-vous un lien avec l’objectif de la séance ? »
Ce processus de réflexion créatif et associatif peut donner lieu à des prises de conscience étonnantes et riches de sens.
Usages et limites du test musculaire
En TFH, le test musculaire est essentiellement utilisé pour déterminer les déséquilibres présents sur les méridiens. Par exemple, le muscle grand pectoral claviculaire nous informe sur la circulation de l’énergie sur le méridien Estomac à un instant donné.
Par la suite, d’autres usages se sont développés, visant à identifier, à l’aide d’un seul et même muscle appelé « muscle indicateur », les évènements ou facteurs à l’origine des difficultés rencontrées par la personne. Ainsi que les moyens d’y remédier. Ces usages sont devenus le courant dominant de la kinésiologie.
Cette utilisation du test musculaire peut sembler spectaculaire, faisant resurgir en quelques instants des événements du passé parfois totalement occultés.
J’en ai fait l’expérience en tant que cliente, étudiante puis kinésiologue. Il m’a semblé qu’une formation avancée en psychologie serait un prérequis nécessaire pour pouvoir déterminer des informations subconscientes au nom de la personne, sur la base d’un test musculaire, et les accueillir avec elle.
Le rapport de l’INSERM publié en 2017 est sans appel : cette créativité débridée, en particulier dans l’usage du test musculaire, suscite une inquiétude légitime au sein de la communauté scientifique quant à de potentielles dérives. Ces usages n’ont pas cours en TFH (lorsqu’il n’est pas dévoyé), et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de dédier ma pratique au TFH dès 2011.
Cette différence fondamentale est expliquée dans cet article que j’ai rédigé sur l’histoire du TFH et de la kinésiologie en France.
L’auto-responsabilité en Touch for Health

Véritable boussole du praticien en Touch for Health, le Modèle de Responsabilité de Soi (Self-Responsibility Model, que l’on pourrait traduire aussi par modèle d’auto-responsabilité), trouve ses racines dans les idées du psychologue américain Carl Rogers, auteur de l’Approche Centrée sur la Personne. Ce modèle laisse l’autorité à la personne consciente, et non au test musculaire. Il privilégie l’écoute active à toute forme d’analyse, de jugement ou de conseil.
John et son épouse Carrie Thie, thérapeute familiale, participent aux séminaires de Thomas Gordon, disciple de Carl Rogers, et Virginia Satir, psychothérapeute connue pour son approche de la thérapie familiale. L’idée maîtresse, initiée par Rogers, est la suivante : c’est la personne accompagnée, et non le praticien, quelle que soit son expertise, qui détient les clés de son épanouissement.
Moyennant un climat d’empathie, de bienveillance et d’authenticité de la part du praticien, la personne trouvera elle-même la voie d’un changement positif. Elle prend ainsi pleinement possession de son cheminement, gagne en confiance et en autonomie.
Le TFH invite la personne à se tourner vers l’avenir. Il lui permet d’équilibrer sa posture, son attitude et son ressenti vers des objectifs personnels positifs. Cette démarche donne lieu à une libération profonde. Elle s’accompagne souvent de la diminution voire disparition des inconforts, douleurs ou stress pour lesquels la personne est venue consulter.
C’est pourquoi j’ai choisi de placer l’auto-responsabilité au cœur de ma pratique.
Voici une vidéo tournée en 2019 en Californie lors de la première édition du stage « Clinical TFH™ : le Modèle de responsabilité de soi » conçu et animé par Matthew Thie et moi-même.
